Titre de la communication
Communication en Santé Adaptée en relation de soin exolingue puis transculturelle, CoSARExT, Observations en Anthropologie Socioculturelle, Santé Migrations et Médiations
Résumé de la communication
La relation de soin, est reconnue comme le premier acte de soin cliniquement. Il s’agit par la parole de pouvoir se raconter librement, partager des informations claires, loyales, intimes. Pour les personnes allophones, nouvellement arrivé.es sur le « territoire d’accueil », la langue, lien avec sa culture, ses proches, peut devenir une barrière contre faire lien vers le soin. La non-maîtrise de la langue majoritaire localement, pour les patient.es, fragilise la communication et l’autonomie nécessaire pour faire soin. Cette relation en interaction exolingue, est, en France, un motif de non-recours, de renoncement aux soins et parfois de « refus de prise en charge ».
Il s’agissait de décrire le vécu de ces relations de soin nécessitant une médiation linguistique ; de mettre en regard les représentations et les pratiques des différentes parties de la relation de soin médiée pour en extraire des propositions d’adaptation et de transformation de la relation d’interaction exolingue vers une relation de soin transculturelle dans des contextes de prise en charge médicale courante.
CoSARExT, étude transversale qualitative, se déroulait du 1er décembre 2021 au 30 juin 2022 à Bordeaux, France, auprès de personnes volontaires ayant vécu une interaction de santé exolingue (patients allophones, professionnel.les de santé, d’interprétariat, accompagnant.es informel.les). Les analyses qualitatives thématiques portaient sur les témoignages de quarante personnes impliquées lors de 17 entretiens semi-dirigés et deux focus groups ; ces recueils étaient complétés d’observations participantes en médiations transculturelles. Les analyses décrivaient trois axes, la perception de la relation, la communication en santé et les outils de médiation ; puis relevaient les divergences et convergences entre les parties de la relation concernant les rôles et implications des membres de la relation.
Trois postures principales prenaient part à ces relations de soin : « patient.e », « soignant.e », « médiateur.ice ». Les patient.es décrivaient le besoin de « se sentir » accompagné et le rôle social du médiateur.ices. Le-la patient.e accordait volontiers sa confiance au médecin, bien qu’il identifiait avec « l’accompagnant.e » la possibilité de pouvoir s’exprimer. Les médiateur.ices interrogeaient leur reconnaissance professionnelle. Ils rejoignaient les patient.es concernant le besoin de sécurité lié à une attente forte vis-à-vis de l’engagement et de la responsabilité du-de-la médecin. Les soignant.es interrogeaient les moyens disponibles pour respecter la confidentialité du patient mais également les besoins (formation) pour entreprendre une relation multilingue et accueillir le tiers. Les trois visions s’accordaient sur la primauté de la relation dans le soin, bâtie sur le partage de confiance, temporalité, liberté. Les professionnel.les, interprètes et soignant.es, ne « s’ouvraient » jamais autant que le patient qui usait davantage de créativité au sein de la relation. Cette reconnaissance mutuelle et l’acceptation d’une asymétrie résiduelle donnaient aux intercatant.es la dynamique nécessaire pour la recherche d’équilibre permettant le passage d’une relation exolingue centrée sur les manques concernant la langue majoritaire, vers une relation transculturelle. Cette approche linguistique de la relation de soin permettait d’entendre les personnes concernées, quel que soit leur posture dans le soin, et d’expliciter avec elles, les rouages d’une alliance thérapeutique.