JEAN KALOMBO MULIMBI

Plusieurs décennies durant après la colonisation en République démocratique du Congo, très peu d’études en Psychologie sociale et interculturelle analysent l’identité culturelle des communautés eu égard aux transformations subies de la colonisation. Cependant, le « choc culturel » subi par les cultures africaines, comme toutes les autres, face à la colonisation, loin d’être un simple métissage culturel, a généré non seulement un sentiment d’attraction-répulsion envers sa propre culture mais aussi envers la culture dominante coloniale. Nombreux sont ceux qui estiment que rester attaché à leur propre culture mise à nue par la colonisation consisterait à promouvoir le culte de la barbarie, de la bestialité prôné par les colons ; alors que pour d’autres, renoncer à cette culture et emboîter complétement la culture dominante coloniale serait un abrutissement face aux réalités non maîtrisables d’une autre culture. Ce qui entraîne, une certaine « aliénation culturelle » teintée des « à peu près », loin de sa propre culture et loin de celle acquise. Qu’en est-il de l’identité culturelle des Tabwa du Tanganyika 64 ans après l’indépendance ? Quelle image gardent-ils de la colonisation ?  Que gardent-ils de leur culture ? Les réponses à toutes ces préoccupations constituent l’essentiel des entretiens menés auprès de 50 participant.es dans 19 villages, de tous genres, différents âges et toutes croyances religieuses pour appréhender de quelle manière les membres de cette communauté tentent de réconcilier leur culture d’origine avec celle héritée de la colonisation.

Dans le cadre du passé colonial Rd congolaise face à la Belgique, « le mythe belge de la mission civilisatrice » (Goddeeris et al., 2023) et ((Sapiro et al., 2010) ou encore (Mudimbe, 2021) a été pourvoyeur de plusieurs déboires de stigmatisation et de stéréotypes négatives tendant à altérer l’identité positive des communautés. Néanmoins, les résultats obtenus contrarient certaines idées préconçues tendant à ne présenter que la face négative de la colonisation et remettant en cause les apports de cette colonisation. Ce qui renforce davantage la nécessité qu’il y a à reconstruire le passé de manière positive.