L’INTERCULTUREL : ENTRE TRADITIONS, HÉRITAGES, MODERNITÉS ET CIRCULATIONS
XXᵉ CONGRES ARIC, 8-9-10-11 JUILLET 2025, DAKAR
Les trajectoires des sociétés humaines ont toujours été le lit de dynamiques complexes et variées alliant des éléments endogènes et des apports extérieurs dans la construction de leur vivre-ensemble, des valeurs, des patrimoines et autres héritages. Du double point de vue de l’espace et du temps, les groupements humains sont constamment confrontés à l’altérité, à l’imprévu et à l’incertitude qui sont devenus des facteurs déterminants dans le modelage des savoirs, des savoir-être et des savoir-faire, bref des Weltanschauung.
En effet, les transformations sociales, politiques, culturelles, scientifiques, technologiques et esthétiques, combinées aux incertitudes induites par la mondialisation/globalisation en cours, ont fini de rendre obsolètes les dichotomies tradition/modernité, écriture/oralité, réalité/virtualité, redessinant les contours des phénomènes sociétaux à travers des schémas inédits où s’entremêlent l’ancien et le nouveau, l’endogène et l’allogène, le local et le global, le passé et le futur, l’un et le multiple. Dans le même ordre d’idées, les configurations culturelles et épistémologiques qui organisent les différentes circulations de populations, de pratiques et de représentations entre le Sud, le Sud global et le Nord ainsi que les rapports multiples et multiformes qui en découlent, font l´objet de réflexions intenses à travers les dynamiques de la pensée postcoloniale d’une part, et celles de la pensée dé-coloniale d’autre part. Les espaces littéraires et artistiques, ainsi que leurs expressions, semblent être des producteurs de formes, d´images et d´œuvres qui expriment, à la fois, la pertinence des identités endogènes et l´irréversible hybridité des savoirs, des peuples, des temporalités et des subjectivités, au regard des différentes circulations interculturelles contemporaines.
En fin de compte, si l’État moderne est apparu comme un réducteur de la pluralité par le biais d’un universalisme occidental plutôt biaisé, il y a lieu de constater, de nos jours, la permanence de l’hybridation dans le moindre fait de société. Dans Liberté 1 : Négritude et humanisme, (1964, p. 103), Léopold. S. Senghor avait déjà appréhendé l’évolution universaliste des sociétés humaines en ces termes : « C’est de la greffe de celle-ci sur celle-là que doit naître notre liberté. Saveur du fruit de la greffe, qui n’est pas la somme des éléments composants ». Aujourd’hui, l’évolution des sociétés nous plonge dans un tout autre cadre global où, malgré les tentations de repli identitaire, les individus s’investissent dans des réseaux qui échappent à toutes les stratégies d’embrigadement relativiste. Ainsi, l’interculturel est devenu un élément structurant des interactions entre les individus, les groupes sociaux et les différentes parties du monde.
La théorie du transnationalisme dans le prolongement de la théorie des réseaux conceptualise « la figure sociale des transmigrants » bâtie sur des stratégies relationnelles multiformes (familiales, économiques, sociales, politiques) entre différents lieux et communautés au-delà des frontières nationales. Elle révèle le poids de la culture, ciment des appartenances communautaire, idéologique et de la solidarité interne (Riccio, 2002 ; Tall, 2007 ; Bava, 2003 ; Dia, 2015) dans la production du territoire transnational, un territoire de va-et-vient.
Dans cette perspective, on doit « considérer les contenus culturels comme des discours ou des codes identitaires assez peu actifs par eux-mêmes. Ils ne le deviennent que sous l’effet des tensions et conflits » en intégrant la dimension sociale et politique des faits géographiques (Claval et Staszak, 2008).
Dans une perspective pluridisciplinaire, il s’agira de voir en quoi l’interculturel nous engage, nous parle et nous interpelle, en revisitant les littératures, les arts et les autres productions portant sur les dynamiques historiques, les savoirs et les systèmes de pensée, les langues, les héritages et les patrimoines, les nouveaux contours des réalités socioculturelles, tout en insistant sur les continuités et les ruptures dans l’espace et dans le temps, et en nous projetant sur tous les possibles du futur des sociétés humaines. Pour cela, il conviendra de réévaluer tous les matériaux religieux, sociologiques, philosophiques, linguistiques, littéraires, artistiques, scientifiques et technologiques susceptibles de contribuer à l’appréhension de l’interculturel comme élément structurant des sociétés d’aujourd’hui et de demain.
AXES THÉMATIQUES
Dans une perspective pluridisciplinaire déclinée en treize thèmes de recherche, le XXe Congrès se donne comme objectif de réinterroger, dans toutes ses dimensions et sous toutes ses coutures, l’interculturel en tant que facteur pertinent des sociétés humaines :
Thème 1 : Analyse de l’interculturel/de la culture/de l’interculturalité comme phénomènes consubstantiels aux sociétés humaines.
Thème 2 : L’interculturel au cœur des systèmes politiques entre constructions et contestations
Thème 3 : L’interculturel, l’africanité, l’afrocentricité et le panafricanisme
Thème 4 : L’interculturel, l’éducation, les TIC et le futur des sociétés humaines
Thème 5 : L´interculturel dans /par les arts (littérature, arts visuels, arts de la scène)
Thème 6 : L´interculturel à l´épreuve de la pensée postcoloniale et de la décolonialité
Thème 7 : Interculturalité et territorialité transnationale
Thème 8 : L’interculturel, les jeunes et la recherche
Thème 9 : L’interculturel et la religion
Thème 10 : L’interculturel aux sources de la paix
Thème 11 : L’interculturel et la question du Handicap
Thème 12 : L’interculturel et la philosophie
Thème 13 : L’interculturel et la santé
Pour l’ensemble de ces thématiques, les communications qui s’inscrivent, à partir d’une perspective transversale, dans des thématiques prospectives permettant d’avoir un meilleur éclairage sur les défis contemporains et futurs de nos sociétés, seront privilégiées.
ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
BADIOU A., 2009, « L’identité dans la dialectique du même et de l’autre », Accueillir, n° 251, septembre.
BAVA, S. (2003). De la « baraka aux affaires » : éthos économico-religieux et transnationalité chez les migrants sénégalais mourides, Revue européenne des migrations internationales, 19, 2, 69-84
CASTELLA P., 2005, La Différence en plus : approche systémique de l’interculturel,
Paris, L’Harmattan.
CLAVAL, P. et STASZAK ,J.-F. (2008). Où en est la géographie culturelle ? Introduction. Annales de géographie, 2, 660-661 : 3-7
DEMORGON J., 2004, Complexité des cultures et de l’interculturel : contre les pensées uniques, Paris, Anthropos.
DE VILLLANOVA R., HILY M.-A., VARRO G., 2001, Construire l’interculturel ? De la notion aux pratiques, Paris, L’Harmattan.
DIA, H. (2015). Trajectoires et pratiques migratoires des Haalpulaaren du Sénégal : socio-anthropologie d’un « village multi-situé, L’Harmattan, Paris.
RICCIO B. (2002). Etnografia dei migranti transnazionali. L’esperienza senegalese tra inclusione ed esclusione. in : Stranieri in Italia. Assimilati ed esclusi (Colombo A. e Sciortino G.), Istituto Cattaneo, Il Mulino, Bologna.
SENGHOR L.-S., 1964, Liberté 1 : Négritude et humanisme, Paris, Seuil.
SENGHOR L.-S., 1993, Liberté 5 : Le dialogue des cultures, Paris, Seuil
TALL S. M. (2007). Les sénégalais migrants en Italie: espace, territoires et translocalité. In PIERMAY J.-L. et SARR C. (eds) La ville Sénégalaise. Une invention aux frontières du monde. Hommes et sociétés. Karthala, Paris.
FERREOL G., JUCQUOIS, G. 2004, Dictionnaire de l’altérité et des relations interculturelles, Paris, Armand Colin.
SAVIDAN P., 2011, Le multiculturalisme, Paris, PUF.
VERBUNT G., 2011, Manuel d’initiation à l’interculturel, Lyon, Chronique sociale.
VERBUNT G., 2011, Penser et vivre l’interculturel, Lyon, Chronique sociale.
LANGUE DE TRAVAIL
Le langue de travail du congrès est le Français
CALENDRIER
10 juin 2024 : date de lancement de l’appel.
30 septembre 2024 : date butoir pour soumettre des propositions de communication.
DÉLAI PROLONGÉ : 31 OCTOBRE 2024
15 novembre 2024 : date limite pour la réponse du comité scientifique.
10 avril 2025 : diffusion du programme provisoire.
Soumission de proposition
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Frais D’inscription au Congrès
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Le Comité Scientifique
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Le Comité D’organisation
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